"Il y a plus de courage que de talent dans la plupart des réussites"

Tunisie Moderne

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À l'indépendance, le pouvoir n'est pas restitué au Bey mais donné au peuple tunisien, représenté par le mouvement du Néo-Destour du leader Habib Bourguiba. Celui-ci est nommé président du Conseil par l'Assemblée Nationale. Les réformes se succèdent alors pour mettre en place un État moderne, parachever la souveraineté nationale et moderniser la société.

Bien que l'Islam reste la religion d'état (le président de la République doit par exemple être de religion musulmane), le pouvoir des chefs religieux fut grandement réduit. Dès le 13 août 1956, dans la foulée de l'indépendance, Bourguiba fait promulguer le code du statut personnel, qui donne aux femmes, encore aujourd'hui, un statut inouï dans le monde musulman, dépassant même celui des Françaises dans certains domaines : reconnaissance des droits civiques de vote et d'éligibilité ; consentement requis pour le mariage ; abolition de la répudiation et remplacement par une procédure de divorce judiciaire ; interdiction de la polygamie ; fixation d'un âge minimum pour le mariage (18 ans) ; légalisation de la contraception et de l'avortement.

Cependant, malgré quelques tentatives, il ne put imposer l'égalité des deux sexes dans l'héritage en raison d'une trop forte réticence des chefs religieux ; il se contenta donc d'encadrer ces pratiques pour éviter les abus.

Le 25 juillet 1957, la monarchie est abolie et la Tunisie devient une République, dont Habib Bourguiba est élu président le 8 novembre 1957. La Constitution est définitivement ratifiée le 1er juin 1959.

Bourguiba mena avec succès le développement et le rayonnement international de la Tunisie pendant de nombreuses années.

Cependant, au milieu des années 1980, la Tunisie connut une crise politique et sociale étouffante, avec le développement du clientélisme et de la corruption, la paralysie de l'État devant la dégradation de la santé de Bourguiba et les luttes de succession, et le durcissement du régime. Cette situation favorisa la montée de l'Islamisme, ce qui mena le pays au bord de la guerre civile, avec des émeutes de plus en plus vives. Commencé dans une atmopshère de libéralisme et de laïcisation de la société tunisienne, le long règne de Bourguiba s'achève ainsi dans une atmosphère de crépuscule alimentée par une une grave crise économique et une véritable paranoïa du chef de l'État, engagé dans une lutte sans merci contre la montée de l'islamisme menée par le général Ben Ali, ministre de l'Intérieur puis Premier ministre.

Le 7 novembre 1987, le Premier Ministre Zine El Abidine Ben Ali, dépose le président Bourguiba, devenu sénile. Il est élu démocratiquement deux ans plus tard.

La succession au pouvoir s'est opérée dans le cadre de la légalité constitutionnelle et de façon pacifique. La démocratisation du pays se fait lentement mais sûrement au fil des suffrages : 1987, abolition de la magistrature à vie ; 1994, accession de l'opposition au Parlement ; 1999, premières présidentielles pluralistes et quota minimum de 20% de sièges pour l'opposition au Parlement.



18/11/2005
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